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Chères familles, chers collaborateurs,
Tout d'abord, nous vous souhaitons une merveilleuse année 2024 pleine de belles aventures!
Vous pourrez lire nos dernières découvertes scientifiques sur le cerveau des bébés et des enfants ainsi que nos études en cours ou à venir ! Nous tenons avant tout à remercier chaleureusement tous nos petits chercheurs en herbe et leurs parents que nous avons vu ces derniers mois à Neurospin ainsi qu’à la maternité d’Orsay !

Voici quelques résultats de nos études récentes

Chez les bébés

Les bébés prématurés sont capables de détecter des régularités dans des séquences auditives !
Une nouvelle étude en EEG (électroencéphalographie) menée à l’hôpital d’Amiens en collaboration avec Fabrice Wallois et son équipe a montré que les nouveau-nés, dès 31 semaines d’âge gestationnel étaient capables de détecter des régularités dans des séquences auditives de type alternatives (type ba ga ba ga ba VS ba ga ba ga ga) ou répétitives (ga ga ga ga ga VS ga ga ga ga ba).
De façon intéressante les réponses des nouveau-nés à terme diffèrent des bébés né prématurés. En effet, les réponses des bébés nés à terme arrivent plus tôt, sous la forme d’un seul composant et sont similaires que ce soit pour les séquences alternatives ou répétitives.
D’un autre côté, la réponse des bébés prématurés est séparée en deux composants : un premier d’adaptation sensorielle uniquement présent dans les séquences répétitives et un autre plus tardif permettant la détection de la déviance, présent pour les deux types de séquences.



Les réponses enregistrées semblent donc correspondre à un double processus cérébral où la détection de la déviance mature de façon spectaculaire dans les dernières semaines de grossesse et à l’âge équivalent du terme ne sont plus distinguables des aspects de traitement sensoriel de bas niveau.

Référence :
Panzani, M., Mahmoudzadeh, M., Wallois, F., & Dehaene-Lambertz, G. (2023). Detection of regularities in auditory sequences before and at term-age in human neonates. NeuroImage, 284, 120428.

Chez les enfants

Évaluations épidémiologiques et cognitives en mathématiques et en langage dans l'ensemble de la population des enfants d'âge scolaire en France
Résultats de thèse de Pauline Martinot, présentés le 20 décembre 2023
Depuis 2018, tous les élèves de CP bénéficient d’évaluations nationales qui mesurent leurs compétences en langage, en mathématiques et leur évolution jusqu’au début du CE1 : c’est le programme EvalAide, « Évaluer pour mieux aider ». L’objectif est d’identifier les besoins précis de chaque élève afin d’intervenir le plus tôt possible pour compenser une éventuelle difficulté ou un retard, et ainsi prévenir l’installation d’un déficit ou d’un découragement.
Nous partageons ici les résultats d’analyses réalisées à partir de ces données. Ces résultats confirment que les évaluations sont à la fois sensibles et utiles :
- Sensibles, parce qu’elles détectent des effets extrêmement fins, comme l’augmentation systématique des performances avec l’âge des élèves, mois après mois (voir Figure 1) ;

En regardant les enfants d’âge typique à l’entrée en CP (l’année de leurs 6 ans, en violet), chaque mois d’âge supplémentaire est associé à des résultats plus élevés en mathématiques (Figure 1). Des résultats similaires sont retrouvés pour le niveau en langage.
Figure 1. Les résultats en mathématiques en fonction de l’âge de l’enfant
à l’entrée au CP.
- Utiles, parce toutes les mesures effectuées en début de CP permettent d’anticiper sur le développement ultérieur du langage et des mathématiques de l’élève, et suggèrent ainsi à l’enseignant des priorités d’intervention. Grâce aux modélisations (voir Thèse P. Martinot, 2023), nous parvenons à détecter dès le début de CP, les enfants qui sont à risque de développer des difficultés d’apprentissage en lecture, en langage oral ou en mathématiques, et ces résultats indiquent très finement les exercices qui nécessitent d’être renforcés pour faire progresser l’élève.

L’école joue son rôle en réduisant l’écart entre les établissements et les catégories sociales à mi-CP, avec un effet renforcé pour ceux qui bénéficient des réseaux d’éducation prioritaires (REP ou REP+) : On observe une nette progression entre début CP et mi-CP. En revanche, ces écarts réapparaissent en partie en début de CE1 : les élèves de milieu favorisé consolident leurs acquis à travers l’été, ce qui n’est pas le cas des élèves de milieu défavorisé (voir Figure 2).
Figure 2. Les effets de l’école et des types d’école
sur le niveau de langage des enfants, selon leur niveau socio-économique.
Aussi, en mathématiques, aucune différence entre filles et garçons n’existe en début de CP. Cependant, quelques mois de scolarisation suffisent pour qu’un avantage apparaisse en faveur des garçons et croisse au cours de l’année avec différentes amplitudes selon le niveau socio-économique auquel appartient l’enfant (voir Figure 3). Cet écart est différent de celui que nous retrouvons en langage, où l’avantage des filles est similaire en magnitude quel que soit le niveau socio-économique de l’enfant (voir Figure 3).
Figure 3. Écarts entre les filles et les garçons en mathématiques et en langage
au cours du CP jusqu’en CE1, en fonction du type d’école
et du niveau socio-économique de l’enfant
Aussi, nos analysent montrent que c’est bien la scolarisation, et non l’âge, qui cause cet écart (Voir l’Interrupted time series (ITS) entre T1 et T3, sur la Figure 4). En effet, ce qui différencie les enfants âgés de 80 mois et de 81 mois et plus, c’est le temps d’exposition à l’école uniquement – cela est lié à la loi Française d’entrée à l’école l’année de ses 6 ans.
Enfin, en bénéficiant de l’expérience naturelle du Covid-19 (et l’absence d’école associée lors des fermetures d’établissement), nous avons identifié que l’écart entre les filles et les garçons diminue entre T2 et T3 pour l’année scolaire 2019-2020 (le moment où ils ont été moins exposés à l’école), quand on aurait pu penser que les écarts se renforceraient en étant dans les familles. C’est donc bien l’école qui est le lieu prioritaire d’augmentation des inégalités en faveur des garçons en mathématiques et non la famille/ l’environnement de l’enfant (voir Figure 4).

Figure 4. Les écarts entre filles et garçons en mathématiques entre T1, T2, T3
et selon les années entre 2018-2019 et 2021-2022.
Référence :
Martinot P., Colnet B., Huguet P., Spelke E., Bressoux P., Dehaene-Lambertz G., Dehaene S. “Schooling induces a gender gap in math: evidence from three million children”, submitted to Nature.
La pratique de la musique a-t-elle un impact positif sur le développement des capacités cognitives des enfants ?
Des nouvelles du projet "école et cerveau" (dans le cadre de la thèse de Théo Morfoisse)
Cette question, encore largement débattue dans la communauté scientifique, est au cœur de notre recherche en collaboration avec la Fondation Vareille, fondatrice du programme Un Violon dans mon école. Ce programme se déroule dans des écoles situées dans le Val d'Oise, et offre aux élèves des cours de violon de la moyenne section de maternelle au CE1 toutes les semaines.
Notre recherche a pour but de comparer des élèves participant à ce programme à leurs pairs issus de milieux socio-économiques similaires mais n'ayant pas suivi de cours de violon. Nous utilisons des méthodes comportementales et de neuro-imagerie, notamment la MEG et l'IRMf, pour mesurer l'impact de ce programme sur le développement des capacités cognitives des enfants et sur les réseaux cérébraux qui les soutiennent.
Pour le moment, nous avons réalisé ces expériences de neuroimagerie à deux moments cruciaux de l'apprentissage chez une cinquantaine d’enfants : en fin de maternelle (5-6 ans, soit après deux ans dans le programme de violon), et en fin de CP (6-7 ans, soit après trois ans dans le programme). Aux vues des premiers résultats en MEG, il semblerait que l'enseignement de violon depuis la maternelle ait un impact positif sur les capacités d’attention et d'inhibition des enfants.
En effet, on observe qu'après 2 ans du programme, les enfants qui ont appris le violon sont meilleurs et plus rapides que les enfants témoins à une tâche d'inhibition. Après 3 ans de programme, les différences sont toujours présentes mais ne sont plus significatives, probablement en raison d'effets de plafond.

Figure 1 . Temps de réponse à la tâche d’inhibition, pour les enfants qui pratiquent le violon depuis la moyenne section de maternelle (en orange), et les enfants dits contrôles (en bleu).
Les couleurs claires correspondent aux temps de réponse dans les essais congruents, et les couleurs plus foncés aux essais incongruents.
Figure 2 . Pourcentages d’erreurs à la tâche d’inhibition, pour les enfants qui pratiquent le violon depuis la moyenne section de maternelle (en orange), et les enfants dits contrôles (en bleu).
La transparence des couleurs code pour le type d’essai : respectivement essais congruents, incongruents et NoGo.

Quelques projets en cours...

Chez les bébés

Nous allons bientôt démarrer une étude longitudinale chez les bébés de 3 mois et 6 mois afin d’étudier l’évolution de la cognition dans les premiers mois de vie.

Nous poursuivions aussi nos études chez les nouveau-nés à la maternité d’Orsay avec deux études :
- - Une étude sur la récursivité
- - Une autre sur les communautés de sons

Chez les enfants

La Mariette : Un nouveau test de lecture.
Travail développé par Marie Lubineau, dans le cadre de sa thèse

Les différents types de dyslexies se caractérisent par les types d’erreurs qu’elles induisent. Cependant, la plupart des batteries de tests de lecture n’évaluent que la vitesse et la précision de la lecture, et ne quantifient pas les types d’erreurs. Afin de combler cette lacune, dans la continuité du Malabi développé par notre laboratoire il y a quelques années, nous avons construit un nouveau test de lecture à voix haute, la Mariette.
La Mariette consiste en un texte non signifiant de 294 mots contenant notamment des mots irréguliers (orchestre, second), des pseudo-mots (truche, ovile, loveau) et des mots transposables (cirque, fiable). L’identification de certains types spécifiques de dyslexie implique en effet d’inclure dans les tests des stimuli piégeux sélectionnés pour faire en sorte que chaque types d’erreur puisse se manifester – chez certains patients, par exemple, seule la présentation de mots « transposables », comme fiable ou magner, met en évidence des erreurs de position de lettres qui, sans cela, passeraient inaperçues, la dyslexie se manifestant alors seulement par un ralentissement de la lecture, voir une absence de déficit aux tests standards.
Nous avons normé la vitesse de lecture, le taux de réussite et les types d’erreurs chez 778 élèves français allant du CP au CM2. Le texte et les normes associées permettront de fixer des seuils de fragilité et de déficit permettant de situer l’enfant parmi ses pairs. Ils ,s’accompagneront de pistes d’interprétation des différents types d’erreurs, ainsi que de suggestions de tests d’approfondissement pour affiner le diagnostic.

Les petits plus à découvrir...

Site de ressources CLEPSY : des CLés pour accompagner les familles dans leur quotidien

L’équipe de pédopsychiatrie de Robert Debré a créé un site internet comprenant de nombreuses ressources gratuites sous forme de fiches pratiques pour mieux comprendre le développement de votre enfant
et le soutenir à des étapes clés ! Vous pourrez trouver les fiches pour tous mais aussi les fiches spécifiques sur :
- - les troubles du spectre de l’autisme,
- - le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH)
- Les troubles spécifiques des apprentissages (Trouble du Langage oral, Dyslexie, Dyscalculie,…)
-

Découvrez les dernières publications et conférences du CSEN

Le Conseil Scientifique de l’Education Nationale (CSEN) publie très régulièrement des synthèses de la recherche ainsi que des notes à destination des enseignants au sujet des dernières découvertes scientifiques sur les apprentissages et leurs bases cognitives et/ou sur des compétences transversales ou des techniques novatrices et permettent de faire le point sur la littérature scientifique sur ces différents sujets ainsi que la lettre du Passeur rassemblant les informations sur les synthèses, les notes et les conférences scientifiques. Vous pouvez vous inscrire à la lettre du Passeur pour vous mettre au courant de toutes les dernières publications ou conférences organisées par le CSEN.
Vous pouvez aussi avoir accès aux vidéos pédagogiques « Fred explique moi » par Fred de C’est pas sorcier ainsi qu’aux vidéos mes clés.
Video FRED Explique moi
NEW
L’acquisition du langage en maternelle

Video Mes Clés
NEW
Mes clés … pour développer le langage oral

Conférences
Le CSEN organise également régulièrement des conférences scientifiques dont la dernière : Agir sur les inégalités de l’école à l’enseignement supérieur dont le replay est disponible ici.

"La perception des objets mathématiques élémentaires : formes géométriques, motifs et graphes" :Cours de Stanislas Dehaene au Collège de France


Les cours ont lieu tous les vendredis matins de 9h 30 à 11h du 26 janvier au 9 mars
è En présentiel au Collège de France
è Ou peuvent être visionnées dès le lendemain sur le site du collège de France.

Cycle de Conférences AGIR pour l'Education

Dans le cadre de la grande initiative AGIR POUR L’EDUCATION lancée par plusieurs chercheurs du collège de France face à la crise que traverse le système éducatif français (lacunes en mathématiques et lecture et sur le plan des compétences socio-émotionnelles, inégalités sociales face à la réussite scolaire) dont le but est de croiser les savoirs et faire avancer la recherche pour mieux comprendre les difficultés rencontrées par les élèves.
Un cycle de conférences aura lieu un vendredi par mois sur le thème de « Approches expérimentales en Education». Ces conférences auront lieu le vendredi de 17h30 à 18H30 et seront disponibles en replay sur le site.
Programme du cycle de conférences AGIR pour l’éducation : « Approches Expérimentales en Education »
*** LE NEUROKIDSLAB RECRUTE ***
Nous avons encore et toujours besoin de nos chers petits collaborateurs,
en particulier des bébés de 3 mois, donc n’hésitez pas
à venir participer à nos études
et à parler de nos recherches autour de vous !
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