Mon Cerveau à l'école

Quelques éléments de sciences cognitives pour les enseignants et les parents

  • Des difficultés dès l’école maternelle

    La motricité fine : Le calvaire de la grande section de maternelle

    La première difficulté à laquelle est confrontée l’élève dyspraxique à l’école maternelle est liée à la place majeure qui est donnée aux exercices de motricité fine.
    Dessin, perles, découpage, collage font partie des activités quotidiennes des enfants de maternelle.
    Dès leur entrée dans le monde scolaire, les enfants dyspraxiques sont donc confrontés à des activités qu’ils réalisent avec une grande difficulté en raison de leur handicap.

    La situation continue de se dégrader au moment de la dernière année de maternelle. Le nombre d’activités graphiques de préparation à l’écriture augmente et l’enfant malgré des efforts démesurés ne parvient que difficilement à écrire son nom.

    Les enseignants sont rapidement déconcertés par ces enfants qui s’expriment avec une grande aisance, sont souvent très intelligents mais s’avèrent incapables de dessiner un bonhomme.

    Des troubles du comportement ?

    Les enfants refusent les activités graphiques, se mettent sous la table au moment où l’atelier dessin démarre, jettent les ciseaux par terre. Il est essentiel de comprendre qu’il s’agit de troubles du comportement secondaires au trouble de la coordination motrice. Les enfants cherchent à éviter la répétition d’activités qui les mettent en grande difficulté. Il est inutile de chercher à résoudre les troubles du comportement en tant que tels. Seule la prise en compte des difficultés motrices de l’enfant pourra le soulager et faire disparaître ces troubles secondaires.

    La perte progressive de la confiance en soi

    Du haut de ses cinq ans, face aux adultes, parents et enseignants, qui se perdent dans des interrogations le plus souvent fort loin de sa réalité, l’enfant trouve lui-même l’explication aux difficultés qu’il rencontre : « Je ne vaux rien » dit Mathieu à son père, « j’ai une maladie dans la tête » déduit Manon, ou « Je m’applique, je m’applique et je fais toujours moins bien que les autres ».

  • Lecture: Mes yeux n’écoutent pas mon cerveau

    Fatigue à la lecture

    • La lecture requiert un calibrage des saccades oculaires très élaboré pour pouvoir localiser les mots et progresser le long de la ligne. Les enregistrements des mouvements des yeux des enfants dyspraxiques montrent qu’ils ne peuvent pas fixer longtemps un stimulus et que leur regard à tendance à errer sur l’écran. Bien que parfaitement capables de décoder, les enfants dyspraxiques accèdent difficilement à une lecture fluide et doivent continuer à déchiffrer quand les autres enfants ont automatisé la lecture de la majeure partie des mots courants.
    • L’absence d’automatisation des stratégies de regard rend la prise d’informations visuelles extrêmement coûteuse et fatigante. Cela limite considérablement la longueur des textes que les enfants peuvent lire.
    • Les troubles d’organisation du regard gênent la prise d’informations lorsqu’elles sont présentées visuellement. Les enfants se perdent dans les textes, leurs yeux errent sur la page sans qu’ils puissent repérer les informations pertinentes. L’exploration visuelle de l’environnement ou de figures et dessins est compromise.

    L’adaptation des textes à lire: une solution

    Pour faciliter l’accès au texte des enfants dyspraxiques, une bonne solution consiste à adapter les textes à lire.

    On peut ainsi proposer des textes écrits dans une police plus grosse, avec des mots plus espacés, et des espaces entre les lignes augmentés. Pour éviter la confusion entre deux lignes qui se suivent, on peut colorier ou surligner les lignes dans des couleurs différentes.

     

  • Difficultés en mathématiques

    Activités de dénombrement

    Les enfants dyspraxiques ont des difficultés à dénombrer les objets d’une collection.

    • La coordination entre le doigt et l’œil, essentielle pour pointer des objets, est défaillante. L’enfant compte et recompte indéfiniment la même collection d’objets, en oublie un, compte le même plusieurs fois, et ne parvient jamais au même nombre. Peu à peu s’installe l’idée que l’invariance du nombre n’existe pas puisqu’une quantité d’objets pourtant invariante n’aboutit jamais au même nombre. Dès la maternelle, en l’absence de remédiation, le sens du nombre est mis à mal par les activités de dénombrement.
    • Les difficultés de dénombrement liées à la défaillance du pointage manuel et occulaire des objets persistent en primaire en l’absence de rééducation et conduisent à des performances médiocres dans toutes les activités de comptage de collections. La répétition de ces exercices est nuisible, détruisant peu à peu le sens du nombre, préalable essentiel au calcul.

    Lecture de nombres à plusieurs chiffres

    • La numération arabe repose sur les relations spatiales entre les chiffres (dizaine à gauche, unité à droite). Les perturbations du traitement de l’information spatiale des enfants dyspraxiques peuvent les empêcher de faire la différence entre 21 et 12.
    • Un moyen de remédiation consiste à remplacer la norme spatiale par une norme par couleur, par exemple dizaine en rouge et unité en bleu, pour que les enfants puissent lire les nombres.


    Opérations posées

    OperationLa pose des opérations est un écueil fréquent. En raison de leurs difficultés visuo-spatiales, les enfants échouent à aligner les chiffres en colonne alors même qu’ils ont très bien compris les principes qui sous-tendent la résolution des opérations. Ces erreurs d’alignement des chiffres les conduisent à des résultats faux qui sont liés non pas à des erreurs de calcul mais à l’impossibilité de résoudre l’algorithme spatial dont dépend l’opération à poser.

    Géométrie

    Geometrie

    La géométrie les confronte à deux difficultés importantes :

    • Difficultés liées au handicap moteur : l’enseignement des concepts géométriques passe, en grande partie, par du traçage de figures. Les enfants échouent à manipuler les règles, compas, rapporteur et équerre qui sont indispensables au dessin des formes géométriques.
    • Difficultés liées aux perturbations du traitement de l’information visuo-spatiale : certains enfants ne voient pas les angles, peinent à distinguer les diagonales ou ne parviennent pas à repérer un carré dans un rond qui leur apparaît sous forme de traits séparés.

    Il est donc essentiel de permettre aux enfants dyspraxiques d’acquérir les notions de géométrie en les dissociant de la réalisation pratique des figures.