L’association Dyslexia International propose toute une série de ressources à destination des enseignants et des parents d’enfants dyslexiques.
… et notamment des cours en français aussi bien par écrit qu’en vidéo.
Quelques éléments de sciences cognitives pour les enseignants et les parents
L’association Dyslexia International propose toute une série de ressources à destination des enseignants et des parents d’enfants dyslexiques.
… et notamment des cours en français aussi bien par écrit qu’en vidéo.
Dans la rééducation de la dyslexie, l’un des défis consiste à aider les enfants à lire plus vite. En effet, même après la rééducation, les enfants dyslexiques restent souvent très lents en lecture. Cela crée un cercle vicieux: moins les enfants vont vite, moins ils lisent, et moins ils lisent, moins ils réapprennent à lire.
Une étude récente de Marco Zorzi (Université de Padoue) et Johannes Ziegler (CNRS Aix-Marseille) suggère une solution. Le simple fait d’espacer les lettres, en ajoutant des blancs e n t r e c h a q u e l e t t r e, accélère immédiatement la vitesse de lecture. Les enfants dyslexiques italiens et français font presque deux fois moins d’erreurs, tout en lisant environ 14% plus vite. Les enfants qui lisent normalement, eux, ne bénéficient guère de cette manipulation.
L’explication est simple: les mauvais lecteurs souffrent d’un phénomène d’ ‘encombrement’ (crowding en anglais). Lorsque les lettres sont trop proches les unes des autres, leur système visuel les mélange et ne parvient plus à les séparer. Avec l’apprentissage, le phénomène d’encombrement se réduit progressivement, à mesure que le cerveau code de mieux en mieux les lettres.
Dans de nombreux logiciels, vous pouvez modifier vous-même l’espacement des caractères (par exemple dans Word: menu paragraphe, format, police, espacement = 3 pt ou plus).
Selon les chercheurs, l’espacement des lettres soulage immédiatement les enfants dyslexiques, en leur permettant de lire mieux et plus vite. Il faut toutefois noter que les effets à long terme de cette méthode de lecture n’ont pas encore été étudiés.
On considère qu’en France, environ 5 à 15 % des enfants ont des difficultés disproportionnées à apprendre la lecture. Sont-ils tous dyslexiques?
De nombreux facteurs peuvent entraver l’apprentissage de la lecture : l’absence ou l’inadéquation de l’enseignement, un milieu social très défavorisé, un trouble du langage, un déficit intellectuel, un trouble d’attention, un trouble du comportement, une surdité ou un déficit visuel non corrigé…
Cependant, certains enfants présentent un trouble sévère de l’apprentissage de la lecture alors même qu’ils sont normalement intelligents, n’ont aucun déficit sensoriel, grandissent dans un milieu familial et social favorable et ont reçu un enseignement approprié : on parle alors de dyslexie développementale ou trouble spécifique de l’apprentissage de la lecture.
La distinction entre dyslexie et difficultés de lecture est donc extrêmement importante même si, en pratique, il n’est pas toujours évident de les distinguer clairement d’un point de vue clinique. Dans la suite de cette section, on ne parlera que de la dyslexie proprement dite.
Selon sa définition officielle, la dyslexie développementale se caractérise par une altération spécifique et significative de l’acquisition de la lecture, qui ne soit pas due à un retard mental, à des troubles de l’acuité visuelle ou auditive, ou à une scolarisation inadéquate.
A noter également que
Le diagnostic se base sur l’un ou l’autre des deux critères suivants (Expertise collective de l’INSERM 2007) :
Le diagnostic de la dyslexie fait donc appel, au strict minimum, à un test de lecture et à un test de QI, mais implique plus généralement à la fois un bilan orthophonique et un bilan neuropsychologique, qui permettent de bien cerner le profil de l’enfant. Le cas échéant, des examens complémentaires (ophtalmologiques, psychiatriques…) peuvent être requis. Ces bilans sont normalement prescrits et interprétés par un médecin formé à cet exercice, qui est donc responsable du diagnostic de dyslexie.
La dyslexie vient rarement seule. On parle alors de troubles associés.
Des signes avant-coureurs de la dyslexie sont souvent présents avant l’entrée au CP :
Comme dans tous les troubles développementaux, les symptômes évoluent avec le temps, en fonction de la maturation de l’enfant, de l’enseignement et de l’aide thérapeutique qu’il reçoit. On considère en général qu’on ne guérit jamais véritablement d’une dyslexie. Néanmoins, tous les dyslexiques peuvent apprendre à lire, c’est-à-dire à décoder un texte, même avec une certaine lenteur. Certains adolescents dyslexiques finissent par atteindre un niveau de lecture normal (pas plus d’un écart-type sous la norme), le plus souvent en mobilisant fortement leurs ressources intellectuelles préservées pour contourner le trouble et au prix d’efforts personnels considérables. Malgré tout, des symptômes du trouble sous-jacent perdurent, notamment la lenteur de la lecture et de grandes difficultés avec l’orthographe des mots, qui peuvent rester le seul symptôme remarquable chez le dyslexique adulte.
D’où viennent les troubles spécifiques de l’apprentissage de la lecture. Dans la mesure où l’on peut écarter des causes telles qu’un déficit intellectuel, un déficit sensoriel (penser à la surdité mal dépistée!), un désavantage social, ou une carence pédagogique, l’hypothèse par défaut pour expliquer la dyslexie est l’existence d’un déficit cognitif relativement spécifique.
Selon l’hypothèse dominante aujourd’hui (la théorie dite phonologique), le principal problème des enfants dyslexiques se situe dans un déficit de leur conscience phonologique.
La conscience phonologique est la capacité à réaliser que le langage parlé se décompose en sous-unités, les phonèmes, qui se combinent entre eux pour former des mots. Elle émerge vers 5 ou 6 ans et est une condition nécessaire à l’apprentissage de la lecture. Elle est par exemple utilisée dans la résolution des tâches suivantes :
La performance des enfants dyslexiques est plus faible dans ces tâches non seulement par rapport aux autres enfants de leur âge, mais aussi par rapport aux enfants de leur niveau de lecture (donc plus jeunes qu’eux) : on suppose donc que le déficit de la conscience phonologique préexiste à l’apprentissage de la lecture chez les enfants qui vont devenir dyslexiques. Certains chercheurs l’ont montré en suivant les enfants depuis la maternelle, voire depuis la naissance (Lyytinen 2004, Scarborough 1990).
L’IRM fonctionnelle* permet de visualiser la chaîne d’activité cérébrale au cours de la lecture : on peut donc découvrir le “pendant neural” de ce qui est observé au plan comportemental. Ainsi, trois principales zones de l’hémisphère gauche du cerveau humain sont impliquées dans la lecture et son acquisition (Démonet 2004) : la jonction occipito-temporale (en rouge), la jonction pariéto-temporale (en vert) et le gyrus frontal inférieur (en bleu).
Chez les dyslexiques, l’activité cérébrale est insuffisante dans plusieurs régions. L’une d’entre elles est la “boite aux lettres” du cerveau, située dans le cortex occipito-temporal de l’hémisphère gauche: à âge égal, celle-ci ne se développe pas normalement — c’est sans doute une conséquence du fait que les enfants n’apprennent pas à lire.
D’autres aires, situées à la jonction pariéto-temporale et dans le gyrus frontal inférieur, sont également sous -activées, particulièrement lorsque l’enfant ou l’adulte effectue des jugement de rime. Leur activation insuffisante pourrait refléter une anomalie primaire du traitement des sons du langage parlé.
L’étude de la structure même du cerveau peut permettre d’expliquer une partie de ces différences de fonctionnement :
Quelle est l’influence des facteurs génétiques ?
Si un enfant est dyslexique, il existe de fortes chances pour que plusieurs membres de sa famille le soient également. Bien sûr, cette agrégation familiale de la dyslexie ne prouve pas son origine génétique : l’environnement partagé par une famille peut notamment être en cause (on imagine que des parents qui ne lisent pas créent pour leur enfants un environnement moins favorable à l’apprentissage de la lecture). Cependant, des études de jumeaux ont permis d’établir que l’héritabilité* de la dyslexie est de l’ordre de 50-60 % : la dyslexie a donc bien une origine partiellement génétique.
Quels gènes sont impliqués ? Grâce à la génétique moléculaire, nous savons qu’une multiplicité de sites chromosomiques sont impliqués dans la dyslexie. Nous sommes donc dans une logique de maladie génétique complexe, où les différents facteurs génétiques interagissent entre eux et avec des facteurs environnementaux, et modulent ainsi la probabilité de développer le trouble. Six gènes ont été associés à la dyslexie, dont quatre sont impliqués dans la migration neuronale : ils pourraient donc contribuer à expliquer les anomalies du cortex (ectopies) observées dans le cerveau des dyslexiques.
L’existence de facteurs génétiques sous-jacents à la dyslexie ne doit pas empêcher de chercher des méthodes de remédiation. Le cerveau de l’enfant est particulièrement plastique, et peut très bien trouver des circuits de compensation pour apprendre à lire.
Dans la mesure où l’on ne peut pas intervenir sur les facteurs génétiques, c’est d’autant plus sur les facteurs non-génétiques, notamment la prévention précoce et la rééducation, que l’on peut compter pour améliorer le développement de l’enfant.
Même si un enfant éprouve de grandes difficultés à apprendre à lire, c’est avant tout à l’école et à l’enseignant de faire preuve d’encore plus de pédagogie et de patience que d’habitude, afin de parvenir à inculquer le décodage des mots écrits.
Le marché de la rééducation de la dyslexie est immense et occupé par une grande diversité de méthodes de rééducation et d’entraînement. Malheureusement, peu d’entre elles ont été validées scientifiquement, à l’issue d’essais cliniques correctement contrôlés. Pour la majorité des traitements proposés, l’absence de données empiriques probantes doit donc conduire à la plus grande prudence.
L’orthophonie est traditionnellement la rééducation par défaut préconisée pour la dyslexie. Les caractéristiques principales de la rééducation orthophonique de la dyslexie sont :
La rééducation orthophonique repose sur des principes généraux issus des connaissances scientifiques acquises et validées au cours des dernières années. De ce fait, les types les plus courants de rééducation orthophonique pratiquées en France sont présumés efficaces. Néanmoins, les pratiques ayant cours sont variées et peu codifiées et n’ont pas encore fait l’objet de véritable évaluation scientifique dans le traitement de la dyslexie. Il s’agit là d’une lacune importante qui demande à être comblée.