Pendant très longtemps, le cerveau de l’enfant est resté une boite noire. En effet, après que Broca ait découvert en 1861 que Mr Leborgne avait perdu la parole parce qu’il avait une lésion dans la région frontale gauche1, les connaissances sur le cerveau ont rapidement progressé chez l’adulte en reliant les symptômes que les patients présentaient, aux lésions cérébrales découvertes à l’autopsie. Heureusement, les enfants sont en bonne santé. Il a donc fallu attendre le développement de l’imagerie cérébrale non invasive pour étudier comment le cerveau de l’enfant pouvait apprendre à parler, à lire ou à calculer.
L’imagerie cérébrale
Actuellement, l’électro- ou la magnéto-encéphalographie permettent de suivre de milliseconde en milliseconde comment l’information traverse le cerveau. L’imagerie par résonnance magnétique nous permet de voir les régions actives dans une tâche et de tracer les faisceaux qui lient les différentes régions cérébrales.
Nous pouvons employer ces techniques dès le plus jeune âge, chez le fœtus ou le prématuré. Les recherches se multiplient chez l’enfant et révolutionnent notre connaissance du cerveau.
L’enfant n’est pas une argile modelée par l’environnement. Il est actif dans son apprentissage
A travers ces études, l’enfant n’apparait pas passif face à son environnement mais actif dans son apprentissage. Il ne subit pas son environnement, il le prévoit, et ce dès la naissance. Nous comprenons mieux comment la culture tire profit des contraintes cérébrales et comment le cerveau humain se dote de nouvelles capacités comme la lecture ou la musique en s’appuyant sur nos capacités naturelles. Ces études éclairent également les mécanismes subtils qui peuvent être altérés dans des pathologies développementales comme la dyslexie ou la dyspraxie, et comment la maturation très hétérogène et prolongée du cerveau humain peut expliquer les particularités de la cognition du nourrisson, de l’enfant et de l’adolescent. Enfin, comprendre comment le cerveau, cet organe si complexe, se développe nous donne des clés indispensables pour comprendre le fonctionnement cérébral de l’adulte. Tel sont les défis que nous espérons résoudre dans les prochaines années grâce à l’imagerie cérébrale.